Petite ou moyenne, une ville peut-elle elle aussi devenir connectée ?

Le numérique, nouvelle « brique de base » des villes moyennes

La ville connectée n’est plus l’apanage des métropoles. Partout en France, des communes de quelques milliers à dizaines de milliers d’habitants développent de nouveaux services ou améliorent ceux existants grâce au digital. De l’économie au social, de l’écologie à la mobilité, la vie locale y gagne en qualité et en attractivité. Analyse et retours d’expérience.

Publié 12.01.2024
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Villes « au vert »

Dans une étude de Kantar Public1, il apparaît ainsi que « les Français continuent d’aspirer à un idéal de vie proche de la nature et dans un logement spacieux : à ce titre, [les] petites villes sont de plus en plus attractives à leurs yeux ». En écho, le sociologue Vincent Kaufmann déclarait en 2022 lors du Forum Vies Mobiles consacré à la ville du quart d’heure : « La moitié de la population voudrait vivre et travailler dans son quartier, et 100 % des Occidentaux désirent travailler à moins de 30 minutes de leur domicile. […] Le développement de commerces, de services (bureaux partagés, auto-partage, gardes d’enfants) et d’équipements (espaces verts, jardins urbains, maison de quartier) permettrait de déployer bon nombre des activités de la vie quotidienne en proximité ». Les petites et moyennes villes favoriseraient donc une vie simplifiée, avec leurs mobilités « douces » (à pied, à vélo, trottinette, transports publics), leurs embouteillages limités et un essor des activités tertiaires exercées en télétravail, évitant une bonne partie des déplacements quotidiens entre lieux de vie personnelle et professionnelle.

Le digital comme révélateur et liant

Même si cela semble paradoxal, cette ville « au vert et au calme » est favorisée par l’utilisation croissante du numérique. En effet, dans les villes de taille intermédiaire, la donnée est à la fois un vecteur de facilitation pour la vie sociale, économique, culturelle et citoyenne. Elle contribue aussi à l’attractivité territoriale et au modernisme des services proposés, démontrant que les avantages du digital ne sont plus réservés aux métropoles.

Pour construire leur stratégie numérique, ces villes intermédiaires disposent nativement de « filons » issus des données des cadastres, des réseaux d’utilités publiques, de l’état-civil. De plus en plus, ce capital d’informations s’enrichit de données liées à l’aménagement urbain, aux transports, à la dynamique commerciale et industrielle, à la vie citoyenne... À cela s’ajoutent aussi des données ouvertes, provenant d’institutions publiques comme l’Insee, l’IGN, le portail gouvernemental www.data.gouv.fr ou encore la plate-forme Géo intelligence des territoires de La Poste. « Toutes ces données doivent être mises en réseau et croisées afin de vraiment enrichir la connaissance d’un sujet », souligne la députée Christine Hennion, coautrice d’un rapport sur l’utilisation des données par les collectivités locales.

Vu du terrain

Les projets liés au numérique et à la gestion des données concernent des usages variés et sont mis en œuvre, par tous types de communes ou d’intercommunalités, dans toutes les régions de France. En voici une sélection indicative récente.

Transition écologique

Plus de 800 communes et intercommunalités développent des plans concernant le climat, l’air et l’énergie. Ainsi, le Val-de-Cher Controis (48 000 habitants) s’est doté d’un outil de pilotage environnemental, fondé sur une centaine d’indicateurs, afin de mieux intégrer les écosystèmes naturels dans sa politique d’aménagement.

Sur le plan de la sobriété, en ayant connecté tous ses réverbères, le Pays-Haut-Val-d’Alzette (30 000 habitants) vise 70 % d’économies sur son budget d’éclairage public. La commune de Saint-Sulpice-la-Forêt (1 500 habitants) a déployé quant à elle une quarantaine de capteurs pour réduire de 20 % sa consommation d’énergie.

Par ailleurs, 17 communes lauréates des appels à projet « Territoires intelligents durables » et « Démonstrateurs d’intelligence artificielle » du ministère de la Transition écologique ont bénéficié en 2023 de 40 millions d’euros de financements reliant protection de l’environnement et stratégie numérique.

Commerce et économie

Des villes comme La-Roche-sur-Yon (54 000 habitants), Belfort (46 000 habitants), Digne-les-Bains (16 000 habitants) ou encore Tulle (14 000 habitants) informent en temps réel leurs habitants et les gens de passage sur la facilité d’accès au centre-ville et aux commerces, notamment à l’aide des données transmises par les horodateurs, ce qui aide à redynamiser les centres-villes. Thionville (40 000 habitants) et Saint-Avold (16 000 habitants) ont pour leur part créé des observatoires de l’immobilier commercial, afin d’agréger des informations sur l’offre de commerces, la disponibilité de locaux, la socio-démographie, les flux de fréquentation, les équipements et les services. Et faciliter ainsi la création de commerces ou la reprise de baux.

Citoyenneté et nouveaux usages

À Saint-Gaudens (11 000 habitants), les habitants transmettent leurs propositions de budget participatif sous forme numérique (messagerie, réseaux sociaux). Dijon (160 000 habitants) organise des « défis » réunissant des entreprises innovantes et des agents municipaux pour concevoir, tester et valider des services novateurs – à l’image de l’application citoyenne OnDijon. Au regard de tous ces projets, la digitalisation des petites et moyennes villes participe à « fabriquer » une qualité de vie pour tous, et ce, sur tous les plans : social, économique, culturel et citoyen. Avec deux prérequis : que les collectivités se saisissent de ce champ des possibles, et qu’elles disposent des compétences afin de maîtriser le cycle de vie des données, ainsi que leurs impacts juridiques et réglementaires.

Petite ou moyenne, une ville peut-elle elle aussi devenir connectée ?

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Un soutien massif de l’État

Depuis 2018, le gouvernement appuie les initiatives de centaines de communes de taille moyenne, au travers de deux programmes menés en métropole comme en outre-mer : Action cœur de ville (ACV) et Petites villes de demain (PDV). Le premier finance plus de 230 villes de 50 000 habitants en moyenne ; le second plus de 1 600 communes de 20 000 habitants environ.

Et les fonds alloués sont massifs : 10 milliards d’euro pour ACV et 3 milliards pour PDV ! Dans ces plans d’envergure, le numérique intervient de façon transversale, à tous les stades des projets, en appui de la transition écologique, de l’attractivité de l’habitat et du commerce, du développement économique, de l’amélioration des transports publics, du renforcement des services aux usagers et citoyens…

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Des usages déjà ancrés…

Selon l’Observatoire des données ouvertes, les collectivités interrogées en 2023 mènent des projets de gestion des données (data management) appliqués notamment à la mobilité (pour 68 % d’entre elles), l’aménagement du territoire (67%), la gestion du patrimoine communal (54%) et de l’espace public (53%).

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